jeudi 14 juillet 2016

Le millepertuis


Vue d'ensemble du Millepertuis commun, 
le 15 juillet 2016 à Saint-André-sur-Orne (Calvados)


Un petit article sur une plante estivale s'il en est : le Millepertuis commun, ou Hypericum perforatum L. Vous la connaissez tous au moins de nom, vous l'avez tous croisée plusieurs fois, certains d'entre vous connaissent ses multiples usages..

C'est une très belle plante de la famille des Hypericacées, qui comprend autour de 500 espèces réparties en 6 à 9 genres. En France métropolitaine, on ne connaît que le genre Hypericum, les millepertuis donc, représenté par une cinquantaine d'espèces poussant spontanément sur le territoire.

Les millepertuis ont en commun des feuilles opposées, simples, généralement sessiles ou presque, entières. Leurs fleurs sont hermaphrodites, actinomorphes (présentant une symétrie radiale). Les pétales sont jaunes, au nombre de 5, séparés les uns des autres. Les sépales sont aussi au nombre de 5 et séparés, parfois de tailles inégales.

Le Millepertuis commun est aussi appelé Millepertuis officinal, Herbe-à-mille-trous, Herbe-de-la-Saint-Jean, etc. Vous l'aurez deviné, c'est une plante abondante qui fleurit généralement aux alentours de la Saint Jean (21 juin), symbole de l'entrée en période estivale. Et ses feuilles présentent une multitude de "trous" (qui n'en sont pas réellement, ce serait trop facile).

On le trouve un peu partout au bord des chemins, dans les endroits de préférence secs et ensoleillés. 




Pour distinguer le Millepertuis commun des autres millepertuis, il faut regarder un certain nombre de critères qui permettent de déterminer l'espèce.

Le premier de ces critères s'observe en plaçant une feuille devant le soleil : la feuille semble alors perforée d'une multitude de trous qui apparaissent par transparence, comme vous pouvez le voir ci-dessous. Étymologiquement, millepertuis signifie d'ailleurs "mille trous". En réalité, il s'agit d'une multitude de petites poches transparentes sécrétrices d'huile essentielle. 

Il ne faut pas s'arrêter à cet unique critère, qui n'est pas caractéristique de l'espèce.




On remarque aussi, sur toutes les parties de la plante, un ensemble de taches noires, sous forme de petits traits, qui sont en fait des molécules tinctoriales : écrasez une feuilles entre vos doigts, ceux-ci vont se colorer de rouge vineux. 

La tige, entièrement herbacée, ne doit pas être circulaire, mais présenter deux côtes saillantes, qui se sentent bien au toucher, et qui alternent d'un entre-nœud à l'autre. C'est-à-dire que si vous longez la tige avec vos doigts, à chaque fois que vous dépassez des feuilles, les côtes de la tige se seront déplacées de 90°, les côtés lisses et les côtés saillants alternent. Certains millepertuis ont des côtes sur les 4 côtés, d'autres n'en ont aucune.



Concernant la fleur, il est important de regarder les sépales, c'est-à-dire l'enveloppe extérieure de la fleur, les petites tiges vertes situées sous les pétales. Ceux-ci, au nombre de 5, sont lancéolés, se terminent en une pointe formant un angle aigu, et ne sont pas bordés de cils. Ils ne sont pas non plus rabattus contre la tige, et sont tous de taille à peu prêt identique.



On peut aussi regarder les étamines. Ca se voit assez mal sur ma photo, malheureusement, mais ceux-ci, très nombreux, partent de seulement trois points différents de la fleur : on dit qu'ils forment trois faisceaux. Certains millepertuis ont des étamines en cinq faisceaux différents.







Si vous avez devant vous un millepertuis présentant tous ces critères, il y a de bonne chance que vous soyez en face du Millepertuis perforé, une plante médicinale aux usages multiples et controversés, qui a une longue histoire d'utilisation par l'homme.

D'autres millepertuis


La tige à quatre angle d'Hypericum tetrapterum,
le 6 juin 2016 à Bretteville-sur-Odon

Les sépales rabattus contre la tige d'Hypericum androsaemum,
le 05 juillet 2016 à Caen

Propriétés thérapeutiques du millepertuis


Traditionnellement, le Millepertuis commun était cueilli en plein midi, le 21 juin : il était considéré comme une plante solaire, son maximum thérapeutique étant atteint à cette date précise. On lui opposait notamment l'Armoire commune (Artemisia vulgaris L.), plante lunaire, cueillie, elle, en plein milieu de la nuit. Le millepertuis était associé à la magie blanche, et considéré comme chassant les mauvais esprits. 
Armoise commune (Artemisia vulgaris L.) en fleur,
le 14 juillet 2015 à Caen, dans un jardin en friche

D'ailleurs, l'usage principal du millepertuis, très utilisé jusqu'au XIXe siècle et aujourd'hui en plein essor, est contre les états dépressifs et la mélancolie, maladies considérées jusqu'à l'essor de la médecine moderne comme des manifestations du Malin. Le millepertuis perforé présente une synergie de molécules psychoactives agissant sur les neurotransmetteurs. Son mode d'action n'est pas précisément connu, mais il agirait à la fois sur la recapture de la sérotonine, de la dopamine et de la noradrénaline, tout en agissant sur les récepteurs GABA et sur la mélatonine... 

On utilise aussi l'huile de millepertuis en usage externe, notamment sur les brûlures, grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes. On obtient l'huile en faisant macérer, à froid, pendant un mois, des sommités fleuries de millepertuis dans une huile végétale qui ne rancit pas, tournesol ou olive par exemple. Au bout de quelques semaines, l'huile prend une coloration rouge. Toutefois, le millepertuis contenant des molécules photosensibilisantes, l'application ne doit pas se faire avant d'aller au soleil, sinon les brûlures s'empireraient. 

Il s'agit donc d'une plante prometteuse pour soigner les troubles modérés de l'humeur, connue de longue date pour ses usages, qui mériterait sans doute des recherches plus importantes. Sa prescription et sa vente en tant que médicament est du monopole des pharmaciens.

La plante présente un certain nombre d'interactions justifiant le monopole pharmaceutique, pouvant inhiber l'action des contraceptifs oraux, de certains anti-rétroviraux, etc. L'action est liée à l'effet inhibiteur du millepertuis avec certaines enzymes digestives.

Si vous souhaitez des informations complémentaires sur le millepertuis, la littérature scientifique abonde de documents. Je vous renvoie entre autre sur le site wikiphyto et sur doctissimo :-)



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